C’est écrit dans le dictionnaire : Aurillac est la capitale française du parapluie, « voire de l’Europe« , n’hésite pas à ajouter Matthieu Piganiol, directeur général de la société historique du « pébroc ». « Notre usine s’est créée en 1884. Je représente la cinquième génération, raconte le jeune directeur. Le climat est rude l’hiver dans le Cantal, il n’y a rien à faire dans les champs. Il a fallu se diversifier. Nous avions du bois et du métal depuis le Moyen Age, grâce aux bateleurs qui troquaient l’or contre du cuivre. Quant aux toiles de coton enduit, elles étaient échangées en Espagne par les éleveurs de chevaux. Il ne manquait que le savoir-faire. » Un savoir-faire qui par la suite essaima avec les colporteurs…
Si la maison Piganiol a surmonté les vicissitudes de l’histoire, elle a bien failli disparaître pour une raison purement météorologique : la sécheresse de 1976 ! « Nous n’avions plus de place pour stocker. A 15 jours près, nous aurions fermé si la pluie ne s’était pas mise à tomber ! »
300 modèles de parapluies par an
Au même moment, son grand-père voit arriver la concurrence asiatique. « Mon père a pris la suite et décidé de transformer nos parapluies, utilitaires, en accessoires de mode. La féminisation a été impulsée par ma mère avec deux collections par an. D’une vingtaine de références, nous sommes passés à 300 modèles par an !« , résume Matthieu Piganiol.
En revanche, l’usine, qui emploie 35 salariés, produit en moindre quantité des parapluies de qualité supérieure. « Nous nous positionnons sur une niche de parapluies haut de gamme et assurons la moitié de la production nationale. » Sachant que sur 15 millions de pépins commercialisés en France, 1,5 % sont fabriqués dans l’Hexagone.
Le modèle historique, le plus grand, est toujours convoité par les bergers. « Il peut servir de canne et même de tente grâce à deux baleines en jonc plus longues qui font office de sardines« , sourit le fabricant. La version « Aurillac », « plus civilisée », utilise le même coton enduit.
Disponibles dans la boutique centenaire d’Aurillac, les parapluies Piganiol sont aussi vendus en ligne à un prix moyen de 75 euros. On peut aussi faire fabriquer à distance son parapluie personnalisé grâce à l’impression numérique : un signe des temps !
Textes Catherine Levesque