Le Prieuré de Saint Coust fait parti depuis 2010 du réseau des sites clunisiens.
Dans Gallia Christiana (Tomme II, p. 411), Saint Coust est mentionné comme une fondation de l'abbaye clunisienne de Mozac. La première citation "Ecclesiam de Sana Cultura" apparaît dans un placard non daté d'Adrien IV, Pape de 1154 à 1159 qui précise et confirme les processions de Mozac. La même citation se trouve dans une confirmation des biens et privilèges de l'abbaye par le Pape Alexandre III en 1160. Saint Coust existe donc au milieu du XIIème siècle.
L'hypothèse la plus vraisemblable paraît donc être une fondation dans la première moitié du XIIème siècle, au moment des grands défrichements et de l'essor démographique dans tout l'Occident médiéval, et à l'époque de l'épanouissement de la réforme grégorienne dans l'église. Un habitat plus ou moins dispersé aurait alors existé tout autour de la nouvelle église sur une plateforme favorable à la vigne, à la jonction du piémont du plateau et de la plaine de la Limagne, à proximité des sources, du ruisseau Chambaron et de la forêt sur le plateau. De plus, sur la butte de Fugeasseix, située à proximité vers l’Est, la tradition orale situerait un ancien village.
Son abandon semble ancien : il s’explique principalement par la naissance et l’expansion d’un bourg castral à 1 km au Sud, au pied du château du Comte Guy II d’Auvergne, Chastel-Guion, dès le début du XIIIème siècle, soit moins d’un siècle après la première mention connue de Saint-Coust. Une chapelle dédiée à Saint Maurice et à la nomination de l’Abbé de Mozac est construite contre la butte du château.
Ce déclin est accentué par les épidémies de peste de 1401 et 1631. Les survivants rejoignent le bourg castral et le nouveau hameau des Grosliers à 1 km au Nord fondé au XVIème siècle.
L’église de Saint-Coust semble déjà désaffectée ou tout au moins très peu utilisée dès 1698 et interdite au culte en 1721. La Révolution Française de 1789 parachève cette lente décadence amorcée dès la fin du Moyen Age. Début 1792, Saint-Coust est supprimé sans opposition de la part des officiers municipaux qui rendent responsable l’Abbé de Mozac du délabrement de l’édifice et probablement d’une grande partie des habitants eux-mêmes.
L’enclos paroissial est alors vendu comme Bien National.
Sauvegarde d'un site sorti de l'oubli
(Extrait de Châtel-Guyon - Le Prieuré Clunisien de Saint-Coust par Histoire et Patrimoine - Guy Veillet - 27 septembre 2013)
Au Moyen-Âge : "Dans la partie nord de la commune, à 1km environ du bourg actuel (le Vieux Châtel), dans le terroir de la Rochette se situe le lieudit Saint-Coust prononcé par les paysans "san'coult". L'étymologie fournit quelques éléments : en effet, aucun saint ne porte le patronyme de Coust. L'expression latine "Sana Cultura" peut donc être interprétée comme saine et bonne culture si l'on considère les activités agricoles du lieu, soit comme culte sage ou sagesse ou vrai culte si l'on se place sur un plan plus moral, soit comme un mélange de ces deux sans".
Autre hypothèse, le mot "saint" prononcé "san'" se rapprocherait de "sagne" qui signifie marécage. Or, une zone humide et une source aujourd'hui captée dans un puits, de plus la proximité du ruisseau Chambaron confirment la présence de l'eau dans un terroir à vocation agricole.
"Le terroir de Saint-Coust a été créé au moment des grands défrichements et de l'essor démographique dans tout l'Occident médiéval entre le XIè et le XIIIè siècle. D'après la tradition orale, ce serait sur la butte de Fugeasseix proche de Saint-Coust que se situerait, dès la fin du XIè siècle, un village dont il ne subsiste aucune trace. En outre, un habitat plus ou moins dispersé aurait existé au pied de la butte."
La butte a été exploitée plus tard en grandes parcelles de terre labourable, à son pied dominaient de petits lopins de terre en lanières cultivés en vigne, comme le montre le cadastre napoléonien de 1809.
Le prieuré : un prieuré est fondée sur le terroir de Saint-Cousr, au pied de la butte de Fugeasseix. Son église est le siège de la première paroisse. Dans l'ouvrage Gallia Christiana (tome II) Saint-Coust est mentionné comme une fondation de l'abbaye clunisienne de Mozac. La première citation "Ecclesiam de Sana Cultura" apparait dans un placard non daté d'Adrien IV, pape de 1154 à 1159, qui précise et confirme les possessions de l'abbaye de Mozac. La même citation se trouve dans une confirmation des biens et privilèges de l'abbaye par le pape Alexandre III en 1160.
Le prieuré existe donc au milieu du XIIè siècle. Sa date de fondation demeure inconnue.
L'hypothèse la plus vraisemblable paraît donc être une fondation dans la première moitié du XIIè siècle, à l'époque de l'épanouissement de la réforme grégorienne dans l'église.
La confirmation des possessions de l'abbaye de Mozac est entérinée en 1169 par le roi Louis VII, en 1217 par Philippe-Auguste, en 1224 par Louis VIII, en 1269 par Saint-Louis, en 1460 par Charles VII et en 1490 par Charles VIII.
Le prieuré appartiendrait à cette dernière grande vague d'installations paroissiales survenues entre le XIè et le XIIIè siècle quand la région termine son complet peuplement. L'habitat dispersé au pied de la butte de Fugeasseix entoure l'église prieurale.
L'église et son cimetière attenant sont implantés sur une plate-forme dans un enclos ovale d'une superficie de 1100m².
L'église : de plan rectangulaire, elle couvre une surface de 227m² (19,50 m de long sur 11,50 m de large). Le clocher s'élevait à près de 8 m de haut. Les dimensions modestes de cette église s'expliquent par l'exiguïté de la paroisse limitée, dans un premier temps, au site de Saint-Coust ; cependant, le curé sera assisté plus tard par un prêtre sous-prieur. La liste des titulaires de la cure de Saint-Coust-Chastelguio (orthographe mentionnée en 1416) est connue seulement à partir de cette date.
Le cimetière : attenant à l'église, il couvre environ 410m² : cela ne correspond pas à tout l'enclos qui subsiste encore aujourd'hui et qui avoisine 1100m². Plusieurs hypothèses ont alors possibles : une partie de cet enclos était vacante ou réservée à une autre utilisation, ou bien marquait l'emplacement de structures disparues anciennement.
Un lent déclin : l'abandon du village sur la butte de Fugeasseix et autour du prieuré semble ancien : il s'explique principalement par la naissance et l'expansion d'un nouveau site. Moins d'un siècle après la première mention connue de Saint-Coust, Gui II comte d'Auvergne construit, à la fin du XIIème siècle, un château à un km au sud de Saint-Coust. un bourg castral qui prend le nom du château se développe à son pied, au début du XIIIè siècle.
Par ailleurs, les terres argileuses et l'absence de coteaux ne favorisent ni la culture de la vigne ni la construction de caves.
Ce déclin est accentué par une épidémie de peste au tout début du XVème siècle, en 1401.
De la renaissance à la Révolution
L'abandon du site : "Le déclin, amorcé à la fin du Moyen-Âge, se poursuit à la suite de la grande épidémie de peste dans la première moitié du XVIIème siècle en 1631. Les survivants pour la plupart rejoignent le bourg castral et à un degré moindre le hameau des Grosliers à un km au nord. L'ancienneté des Grosliers n'est pas connue mais le hameau existe avant le XVIIème siècle comme le prouvent les textes de 1661. La présence d'un éventuel fort villageois n'est pas attestée.
L'existence de ces deux pôles : le bourg castral et le hameau des Grosliers plus fertiles, dotés de caves et plus abrités expliquent le départ et l'écartèlement de la population de Saint-Coust ayant survécu aux épidémies de peste.
L'église paroissiale de Saint-Coust semble déjà désaffectée ou tout au moins très peu utilisée dès 1698 et interdite au culte en 1721 suite à une visite épiscopale, qui aboutit à l'interdiction de l'édifice et du cimetière tant que des réparations importantes ne seront pas réalisées. Or, de telles réparations ne seront jamais engagées. En 1698, il semble que le curé baptise encore à Saint-Coust puisqu'il obtient de l'évêque de pouvoir construire des fonts baptismaux à la chapelle du bourg.
L'on continue d'enterrer dans l'église : entre 1709 et 1724, quatre inhumations ont été enregistrées.
La Révolution de 1789 parachève cette lente décadence. Début 1792, le prieuré de Saint-Coust est supprimé sans opposition de la part des officiers municipaux qui rendent responsable l'Abbé de Mozac du délabrement de l'édifice. une grande partie des habitants ont suivi leurs représentants. Les deux cloches sont retirées pour être fondues et transformées en canons destinés à la jeune armée révolutionnaire. En 1796, l'ensemble du prieuré est vendu comme Bien National à Marien Levadoux, cultivateur à Châtel-Guyon.
Les XIXè et XXè siècles marquent la ruine et l'abandon complet du prieuré. le cimetière fait place à une vigne et sa cabane ou "tonne" élevée à l'emplacement du chœur de l'église.
La vigne ayant été abandonnée à son tour, le site disparaissait sous une épaisse végétation redevenue sauvage.
Une réhabilitation attendue
Le débroussaillage de l'enclos, réalisé à 'l'automne 2009, a permis de suivre le tracé du mur de clôture et de dégager les murs nord et ouest de l'église sur une élévation de deux mètres.
"Les pierres utilisées sont en granit, andésite, arkose ou même en moellons de mauvais calcaire, d'extraction locale ou régionale semble-t-il. Leur taille est irrégulière, le tout joint au mortier de chaux et aux graviers de carrière. Toutefois, en contrebas à l'extérieur de l'édifice côté nord, l'on peut voir la base des angles nord-est et nord-ouest de la construction : de gros blocs appareillés d'andésite et de granit montrent la solidité et l'importance du bâtiment dont le niveau de base médiéval se trouve bien en-dessous du niveau actuel de l'enclos, d'au moins un mètre. Il y a donc là une épaisse couche archéologique que les buissons ont dû dégrader.
Par ailleurs, l'ancienne vigne cultivée dans l'enclos a dû abîmer le cimetière. En 1900, quelques squelettes ont été découverts dans l'enclos. En 1900, les habitants les plus anciens de la commune se rappellent avoir vu les propriétaires de la terre extraire des ossements en assez grand nombre."
Des travaux conservatoires
Au-delà du débroussaillage de l'enclos du prieuré, la mise en valeur du site de Saint-Coust est confiée du Chantier d'Insertion INSERFAC, avec le soutien logistique et technique des Services Municipaux de la Commune et, en collaboration avec la section patrimoine de l'ADEP.
À partir du printemps 2010, des travaux ont été effectués en périphérie de l'enclos : reconstitution de l'entrée avec pose d'une croix et d'une signalétique, et dégagement du chœur de l'église.
Lors de la campagne de travaux 2010-2011, la poursuite du dégagement partiel du mur de l'enclos, en périphérie, est effectuée. Un sentier, déjà amorcé, permettra à terme aux visiteurs de contourner l'enclos.
L'inauguration officielle du site le 25 juin 2011 s'est déroulé en présence du président de la Fédération Européenne des Sites Clunisiens.
En 2012-2013, le mur Est de l'église (chœur) a été prolongé : le mur Sud a été matérialisé au sol. Enfin, l'ensemble du chœur est en cours de restauration.
Des perspectives à long terme
La fouille du cimetière n'est pas envisageable.
La fouille de l'église est assujettie à la disponibilité d'un archéologue professionnel et aux ressources budgétaires de la Commune. Par contre, des sondages pourraient être entrepris. Le dégagement des murs de l'enclos se poursuivra jusqu'à fin 2015.
Enfin, le site labellisé site naturel et historique, inscrit au Plan Local d'Urbanisme en 2011, fait l'objet d'une sécurisation et d'un entretien régulier assurés par la Commune avec le soutien du Conseil général du Puy de Dôme.
Accès libre.
Période d'ouverture : Ouvert toute l‘année
Toute l'année, tous les jours.