L’histoire de Montañita est un modèle du genre.
Deux garçons issus d’une même scène musicale (celle, légendaire, de Clermont Ferrand), une fille dont la contribution semble providentielle, des rencontres, un coup de foudre amical et surtout une alchimie musicale parfaite entre ces nouveaux complices, désormais membres d’un même groupe.
Et douze ans plus tard, Dummy Light in the Chaos s’ouvre sans surprise sur un titre qui évoque les liens les plus forts. We’ll Be Bound annonce le programme d’un album qui célèbre l’humain sur fond d’un spleen joyeux. Enregistré dans une forme d’improvisation miracle, le disque crée une harmonie pop sur un lit d’influences variées. Un jeu de rencontres où les arrangements synthétiques mettent en valeur des compositions acoustiques, où la folk se mêle à l’électronique, où les mélodies s’envolent dans des harmonies vocales d’une grande douceur sur des nappes parfois proches du shoegaze.
Influencé par les Pixies pour leur capacité à composer des morceaux terriblement efficaces sur quelques accords, le groupe se réclame également de Slowdive ou de The Cure. On pourra aussi entendre des réminiscences de My Bloody Valentine, ou des échos lointains de Girls in Hawaii pour les mélodies lancinantes qui font mouche en quelques mesures.
À Clermont-Ferrand, Dragon Rapide a grandi, ici et là, dans une cave heureusement, mais aussi sous le soleil, quand la pop la plus déshabillée prend vite des couleurs rouge vif, voire un léger pelage. Le Dragon a sucé d’un trait la substantifique moelle, celle qui provoque encore de belles érections, pour écrire une suite logique et imparable aux grandes oeuvres signées Nada Surf, Teenage Fan Club, Travis et autres héros du rock indépendant de la fin du siècle dernier, quand on savait écrire avec des guitares et se dandiner sur une rythmique locomotive.
L’alliage est subtil, néanmoins. Car on laisse ici traîner quelques couplets taillés au cordeau, on exhibe de fort beaux refrains, on se laisse aller, un peu ivres, sur la frontière ténue entre pop d’école et grosse râpe punk, quelque chose d’assez brutal, disons-le, et d’assez léger en même temps, allez comprendre…
Mercredi 30 octobre 2024 à 20h.