Il n'est pas si loin le temps où les toits cantaliens étaient intégralement recouverts de paille de seigle. Tant appréciée de nos jours pour sa qualité visuelle, la lauze ne s'est réellement répandue qu'à la fin du XIXe siècle, et c'est avec un brin d'ingratitude que nous oublions que pendant des siècles le chaume, très isolant, abondant, facile à poser et à entretenir régnait en maître non seulement à La Ségalassière mais dans tout le Cantal. L'essor de l'élevage, la mécanisation et bien sûr les risques d'incendie ont sonné le glas de la chaumière cantalienne. Sans compter le prestige acquis à revêtir sa toiture de la lourde et coûteuse mais si belle lauze...
Par ailleurs, et au même titre que le sarrasin, le seigle, par sa facile adaptation aux sols pauvres du sud-ouest du Massif central, a constitué pendant longtemps la base de l'alimentation des Cantaliens. Cette céréale était pour eux d'autant plus précieuse qu'elle était également réputée pour sa qualité fourragère.
Outre son nom, l'histoire a légué à La Ségalassière un admirable témoignage de la lutte que mena l'Église catholique contre la Réforme protestante à partir du XVIe siècle. Le retable du maître-autel, daté de 1777, est de style purement baroque, avec sa profusion d'ornements destinés à émouvoir les fidèles par la théâtralisation des formes et des décors. Soit l'exact opposé des desseins des protestants, qui visaient à la limitation voire à l'abandon de toute forme d'ostentation décorative.
Avant cette époque, pendant les guerres de Religion, l'église fut sévèrement endommagée, et il fallut attendre 1841 pour qu'elle soit rendue au culte. Autre conséquence de ces siècles de troubles politico-religieux, mais beaucoup moins tragique, c'est du joli nom de Papillons qu'on désigne aujourd'hui les habitants de La Ségalassière. On ignore précisément pourquoi, mais les catholiques avaient pris l'habitude de qualifier les protestants de parpaillots, mot qui dérive de l'occitan "parpalhon", par lequel on désigne dans cette langue le gracieux insecte volant. À la Révolution Française, l'église ferma ses portes et ne fut rendue au culte qu'en 1841. En plus de ce retable, elle abrite dans ses chapelles un mobilier remarquable constitué principalement de statues de diverses époques, dont celle de saint Roch. Roch, qu'on identifie aisément grâce au bubon de peste qu'il arbore sur sa cuisse : il était le protecteur des pestiférés, avant de devenir celui des troupeaux (une astucieuse "reconversion professionnelle"...).
Accès libre.
Période d'ouverture : Ouvert toute l‘année
Toute l'année, tous les jours.