Église Saint-Jean-Baptiste
Pascale Chappot
Site et monument historique

Église Saint-Jean-Baptiste

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Partons visiter l’église Saint Jean-Baptiste de Trémouille où recèle une curiosité appelée localement "Roue de saint Martin".

L'Église Saint Jean-Baptiste, du XIVème siècle, est de style gothique. La galerie de bois du clocher est toutefois remarquable, tout comme la "roue de Saint Martin" qui selon une tradition locale voulait que les jeunes filles célibataires fassent tourner la roue. Si la plus grosse cloche s'immobilisait en haut, elles trouvaient un mari dans l'année !
Cette roue, en bon état de conservation, est dite « de saint Martin ». On l'actionnait lors des mariages et baptêmes mais aussi lors de la fête patronale.

La roue à clochettes de l'église de Trémouille

Partons dans le nord Cantal où l’église de Trémouille recèle une curiosité appelée localement "Roue de saint Martin".

Cette roue à clochettes, inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en 1975, est accrochée à environ 3,50 m de hauteur dans le chœur de l'église.

Reposant sur un support en pierre, elle est composée d'un socle en ferronnerie en forme de cœur renversé qui se termine au sommet par une fleur de lys. Le socle supporte une roue métallique, d’environ 50 cm de diamètre, placée verticalement et dont l'axe est fixé au mur pour plus de stabilité. Cette roue possède sur son pourtour des cloches de tailles différentes. Un levier actionné par une corde permet de faire tourner la roue et de faire sonner les clochettes.

Il y avait probablement 16 clochettes à l’origine, aujourd'hui n'en restent plus que 15. Une des clochettes - peut-être la plus ancienne - porte des inscriptions en lettres gothiques, d'autres portent les noms des fondeurs : « Louis Dubois » (exerçant au XVIIIe), « Dubois Robert » (exerçant fin XVIIIe-début XIXe) et « Jan Driac », tous fabricants de clarines au Puy en Velay.

Le service de Conservation des Antiquités et Objets d'Art du Cantal date cette réalisation de la fin du XVIe ou du début du XVIIe siècle. Il est fort probable que certaines des clochettes aient été remplacées à des périodes ultérieures. Les inscriptions en lettres gothiques sur l’une d’elle pourraient faire supposer l’existence d’une précédente roue dont on aurait réutilisé les cloches.

Une tradition locale voulait que les jeunes filles célibataires fassent tourner la roue. Si la plus grosse cloche s'immobilisait en haut, elles trouvaient un mari dans l'année !
Cette roue, en bon état de conservation, est dite « de saint Martin ». On l'actionnait lors des mariages et baptêmes mais aussi lors de la fête patronale.
Le plus original est une tradition locale qui voulait que les jeunes filles célibataires fassent tourner la roue et attendent que la plus grosse cloche s'immobilise en position haute. Si tel était le cas, elles étaient censées trouver un mari dans l'année !

Dans l'inventaire national des roues à clochettes
L'inventaire de Messieurs Fabre et Sutter a permis de recenser et étudier quatre roues de saint Martin en Auvergne qui se trouvent toutes dans le Cantal (à Trémouille, Coltines, Villedieu et Virargues). Deux autres situées dans le département ont disparu de nos jours.

Cet inventaire nous en apprend beaucoup sur l'existence des roues à clochettes qui serait attestée dans les archives depuis le IXe siècle. Placées dans le chœur pour une plus grande portée sonore, les roues étaient utilisées comme instrument de musique pendant les temps liturgiques. Cependant on ne sait pas s'il en existait dans toutes les églises. Elles ont peut-être été remplacées par la sonnette d'autel qui, plus petite, est aussi plus facile à déplacer dans l'édifice.

Roue à clochettes musée dOrosi Costa Rica. Crédit photo Pascale ChappotIl y avait des roues à clochettes dans toute l'Europe ; il en existe encore en France, en Italie, en Espagne, en Allemagne, au Portugal mais aussi dans l'église de la Nouvelle-Orléans, en Amérique du Sud et en Amérique centrale (nous en avons « découvert » une dans un petit musée au Costa Rica).

En France beaucoup sont en Bretagne, en Savoie et dans les Pyrénées Orientales. Les roues recensées sont composées de fer ou de bois (certaines sont pleines) voire alliant les deux matériaux. Elles mesurent entre 30 cm et 1,70 m de diamètre et portent des noms différents en fonction des régions : "rodella" en Roussillon, "roue de guérison" en Bretagne, "rouelle" en Savoie, "roue de prière et de vœux" en Bourgogne, "roue de saint Martin" en Auvergne. Le nombre de cloches varient selon les instruments et les régions, allant de 6 à 24 pour les roues inventoriées.

La forme circulaire de la roue est symbolique et rappelle le disque solaire ou lunaire, le culte d'Isis ou encore du dieu gaulois du soleil. Elle représente la perfection, l'harmonie universelle. La rotation de la roue engendre les cycles et l'éternel recommencement.

Pascale Chappot, guide-conférencière

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