Il y a encore quelques années, un cimetière était un lieu de promenade dominicale familiale, aujourd'hui c'est un lieu dont on s'est éloigné mais qui pourtant peut nous enseigner bien des choses.
À la découverte du patrimoine funéraire de Volvic.
Parcourir le cimetière d'un village c'est se plonger dans l'histoire de la commune et du Pays.
Certaines sépultures racontent une histoire particulière, que ce soit celle d'une personne connue ou inconnue, une histoire personnelle qui est souvent étroitement mêlée à l'histoire de la commune. De plus, derrière chaque sépulture, il y a le travail d'un artisan, un savoir-faire particulier, et cela tout spécialement à Volvic.
À l'origine, à Volvic comme ailleurs, les cimetières se situaient dans le bourg, autour des trois églises. Le cimetière principal, était devant l'église Saint Priest, et s'appelait le Peyley (le pilier).
La municipalité de Volvic décida pour des raisons d'hygiène, d'aménager un nouveau cimetière au lieu-dit Le Véry. Les travaux de transfert et d'agencement eurent lieu à partir de 1806 et il fut mis en service en 1811.
En 1845, fut instauré le régime des concessions qui eut comme mérite de lancer la production du monument funéraire partout en France et bien évidemment à Volvic. Rappelons que l'École d'Architecture de Volvic avait été créée en 1820 par le Comte de Chabrol, préfet de la Seine et dont le beau-père, Charles Lebrun, duc de Plaisance, était enterré au Père Lachaise dans un tombeau en pierre de Volvic, sculpté à Volvic.
La mise en place du nouveau cimetière a donc coïncidé avec la montée en puissance de toute une génération de praticiens nouvellement formés et dont les chantiers étaient en majorité en face de ce cimetière.
Le caveau de famille était pour les entrepreneurs l'occasion de montrer leur savoir-faire, d'autant plus que le volvicois privilégiait sa dernière demeure à sa demeure tout court et l'on peut donc considérer le cimetière de Volvic comme un catalogue à ciel ouvert et même comme l'a écrit Yves Connier "Une forme de conservatoire de l'art funéraire du 19è siècle en Basse Auvergne".
Le cimetière communal de Volvic se divise en 4 parties sur une surface de 1 231 m².
Il se compose :
- d'un ancien cimetière (1er cimetière) représentant 591 sépultures et fosses communes et qui ressemble un peu à un labyrinthe
- d'un 1ème cimetière datant de 1942-43 représentant 149 sépultures et fosses communes
- d'un 3ème cimetière datant de 1965 représentant 141 sépultures, et est doté d'un ossuaire communal et d'un dépositoire de 6 places
- d'un 4ème cimetière datant de 1977-78 représentant 452 emplacements et est doté de 2 columbariums de 12 cases chacune, d'un espace public cinéraire (Jardin du Souvenir).
De nombreux monuments dans le premier cimetière sont des chefs-d'œuvre d'architecture funéraire, réalisés en Pierre de Volvic bien sûr, à l'exception de l'un d'entre eux.
Dans les autres cimetières, on peut voir des tombes de conception plus moderne réalisées, soit en pierre de Volvic, soit en granit et caractéristiques de l'évolution des monuments funéraires.
L'œil du visiteur est attiré par l'allure monumentale de la rangée de tombeaux à gauche dans l'allée principale. Selon Fernand Auteroche, sculpteur volvicois, cet alignement est probablement dû à un architecte qui a étudié le tracé et l'implantation des concessions afin d'affirmer l'horizontale, symbole du repos et de la mort. Les stèles, verticales, traduisent l'élévation vers le ciel.
Vous remarquerez leur forte connotation religieuse et la précision avec laquelle ce décor est réalisé. On peut dire que les volvicois ont particulièrement soigné leur dernière demeure. À l'exception de la maison du sculpteur Pierre Boeuf, au n° 52 de la rue de la Libération dont la façade mérite le coup d'œil et de quelques maisons bourgeoises, les habitations volvicoises étaient peu ornées et modestes pour la plupart.
Quelques tombes remarquables :
Le caveau Legay-Chevalier (n°43) : ce dernier, ancien élève et ancien professeur de l'École d'Architecture de Volvic, entrepreneur et sculpteur, inventeur de la première scie brevetée, de la grue déplaçable appelée cheval de bois, à l'origine de la construction du chemin de fer Riom/Volvic et de la découverte de la source des eaux de Volvic. C'est l'un des personnages principaux de la scénographie de la Grotte de la Pierre. La statue d'une pleureuse a été rajoutée à la mort de sa femme. Ce thème de la pleureuse se retrouve sur plusieurs stèles en différents endroits du cimetière.
Le caveau de la famille Macheboeuf (n°47) : le père, sculpteur, le fils, médecin à Châtel-Guyon, le petit-fils membre de l'Institut Pasteur et de l'Académie de médecine. Ce dernier a donné son nom à la place Macheboeuf, Grand'Rue. Sur un soubassement classique de style grec, le sculpteur a érigé une construction pyramidale. La base présente quelques outils du sculpteur : massette, compas d'épaisseur, ciseaux.
Le caveau De La Vaissière (n°56), ancien maire de Volvic : stèle néo-classique, posée sur une tablette de pierre, on peut voir les armoiries de la famille sur le tympan du fronton.
Le caveau Conchon de Rochevert (n°57), propriétaires du Château de Bosredon et ancien maire : tombeau signé Neboux de style néo-classique. Le tampon est constitué d'un escalier à trois marches qui conduit à la pierre tombale. La balustrade est constitué de quadrilobes qui s'insèrent dans des carrés ornés de perles sur le pourtour et de feuillages dans les angles.
Au n°99, une des premières laves émaillées : cette immense colonne est ornée en son sommet d'un chapiteau corinthien sur lequel repose une urne funéraire. Sur le fût, des médaillons portent le nom des défunts de la famille. Sur le socle qui supporte l'ensemble, on peut voir une lave émaillé signée Gillet, émailleur ami de la famille de l'entrepreneur volvicois Legay-Chevalier, datée de mars 1877. Elle témoigne du lien entre Volvic et les débuts de l'émaillage.
La Chapelle Chanteloube (n°505) : chapelle de style néo-classique à toit pyramidal. Le sommet est couronné d'une corniche horizontale décorée en son centre par une feuille d'eau. Une magnifique grille en fer forgé en ferme l'entrée.
Tombeau n°179 : le fronton est découpé par deux arcades ogivales qui reposent sur un cul-de-lampe à décor végétal. Une fleur de pavot occupe la partie centrale. Les chapiteaux à fleurs d'acanthes sont d'influence corinthienne. Les lettres sont gravées sur un fond d'équerre, ce procédé permet d'accrocher la lumière.
Tombe du sculpteur Pierre BOEUF (n°135) : seule stèle qui ne soit pas en lave dans le 1er cimetière, elle témoigne de l'originalité de l'artiste. En calcaire tendre, elle a malheureusement mal résisté au temps. À l'origine, elle était surmontée d'une petite chouette. La fine gravure du squelette s'estompe peu à peu ainsi que l'inscription "Sous cette terre Pierre Boeuf sculpteur mort le 28 févier 1881 à l'âge de 73 ans".
Le caveau n°184 : sur ce tombeau, les colonnes à corbeilles ioniques et les couronnes qui s'accrochent à des patères sont sculptées dans la masse. Les corniches rampantes moulurées portent des anges. Le sommet est couronnée d'une crois à fleurons quadrangulaires. Sous le baldaquin, on peut voir un agneau pascal. Le jeune résistant volvicois Jean Lesme dit Milamo y est enterré.
Les portes des tombeaux portent le nom de tampons. Leur réalisation était souvent confiée aux apprentis afin de juger de leur savoir-faire.
Texte de Claire et Odette Agbessi, Volvic, Histoire et Patrimoine.
Gratuit.
Du 01/04 au 30/06
Ouverture le mardi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi de 9h à 12h et de 14h à 18h.
Du 01/07 au 31/08
Ouverture le lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi de 10h à 12h et de 14h à 19h. Le dimanche de 10h à 12h.
Du 01/09 au 30/09
Ouverture le mardi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi de 9h à 12h et de 14h à 18h.
Du 01/10 au 31/03
Ouverture le mardi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi de 9h à 12h et de 13h30 à 17h.