Cassaniouze

Dix kilomètres d'ascension prononcée depuis les rives du Lot : Cassaniouze, bien qu'éminent membre de l'Association des communes de France aux noms burlesques, pittoresques et chantants, n'est pas là pour amuser les cyclistes. Il n'empêche que la D601 serpente à travers une superbe châtaigneraie pluricentenaire, ménageant de spectaculaires points de vue sur la langoureuse rivière, et la parcourir dans un sens ou dans l'autre est un enchantement... du moins lorsque l'on est motorisé !
De fait la commune occupe une véritable zone de transition paysagère et c'est bien en cela que réside son attrait. Il semble qu'un monde sépare le village de Saint-Projet-de-Cassaniouze, blotti dans un écrin de forêt en bordure du Lot, de celui de Cassaniouze proprement dit, dont l'environnement est purement agricole. Il s'agit cependant bel et bien d'une seule et unique commune.
Évidemment, cette situation géographique privilégiée en fait un lieu apprécié des visiteurs sportifs. À vélo, un parcours long de 35 km a pour point de départ potentiel Cassaniouze. Variété des paysages garantie, avec en prime de superbes vues sur l'Aubrac voisin. Rassurez-vous, "Au cœur des châtaigniers" évite néanmoins la terrible D601... Quoi, cette dernière ne vous fait pas peur ? Alors c'est que vous êtes paré pour la Romain Bardet Expérience ! Mais attention, cette fois, ce sont 127 km qui vous attendent, sur un parcours tracé par le fameux champion auvergnat lui-même et qui vous fera découvrir tout le sud de la Châtaigneraie !
À pied, vous ne serez pas en reste. Sur le territoire de Cassaniouze se déploient deux des plus belles randonnées qu'offre la Châtaigneraie. À l'est, la première, dont le point de départ se trouve dans le village voisin de Sénezergues, vous permettra d'admirer les verdoyantes gorges du Don depuis les rochers de Servant. Un endroit peu fréquenté, accessible seulement à pied, pourtant emprunt d'un certain mystère, surtout à l'heure où les brumes matinales affleurent entre les versants abrupts. Elle s'intitule "La Dame du Castel d'Auze".
À l'opposé, au sud-ouest, c'est une plongée vers la vallée du Lot qui vous attend, jalonnée de points de vue époustouflants que dessert un sentier rocheux. Elle est agrémentée de la découverte d'un hameau et d'un village de toute beauté, dans lesquels la pierre apparente est reine, et qui ont d'ailleurs donné leur nom à cet itinéraire pédestre : "La Bécarie - La Vinzelle".
La commune de Cassaniouze, particulièrement le hameau de La Bécarie justement, conserve le souvenir de ceux qu'on désignait sous le nom d'"Enfarinés". Cette petite communauté, à l'instar de plusieurs autres en France, rejetait les conséquences du concordat de 1801 entre le consul de la République Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII, qui affectait au premier la nomination des évêques. Il fallut attendre 1911 pour que l'abjuration des derniers réfractaires soit reçue par l'évêque de Saint-Flour... et pour que les Enfarinés cessent de se poudrer les cheveux à la farine, comme le voulait l'usage avant la Révolution française.
Et qu'en est-il du village de Cassaniouze dans tout cela ? Eh bien faites-y donc un saut, d'une part parce que vous y trouverez nombre de petits commerces, d'autre part parce que son centre préservé abrite une curieuse église. Ou plutôt deux églises juxtaposées : l'une, largement romane, dont il ne subsiste que le chœur surmonté d'un clocher, l'autre, sa voisine néo-romane du début du XXe siècle ; au pied du clocher, un arc de l'ancien bas-côté complète le tableau. De 9h à 17h, vous pouvez découvrir cette église double, dont les parties les plus anciennes sont toujours recouvertes de peintures murales et abritent surtout une splendide croix processionnelle conçue dans un atelier aurillacois aux alentours de l'an 1500.

Accès libre.