CD63 / P.A. Coumes
M'émerveiller

Échappée nordique au cœur des puys

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Paul-André COUMES

Paul-André Coumes

Photographe et rédacteur, je réalise des reportages très variés, qui vont de l'art de vivre à l'environnement en passant par le patrimoine et le portrait.

Escapade dans la poudreuse

Cette boucle de trois jours dans la Chaîne des Puys offre le luxe de slalomer dans un décor unique au monde : une ribambelle de volcans assoupis sous un édredon tout blanc ! À paysage grandiose, logistique de circonstance. Une grande luge appelée pulka m’aidera à tracter tout le matériel et les vivres nécessaires au bivouac hivernal.

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À pied dans la neige

Défilé de volcans

Le vent, qui me donnait l’onglée sur le parking du château de Montlosier, est absent du tunnel arboré que j’emprunte en longeant les puys de la Vache et de Lassolas accolés tels des siamois. Du haut de leurs 8 000 ans, ce sont les plus jeunes volcans de la chaîne. Lors de leur unique éruption, la coulée de lave emporta avec elle les scories, empêchant ainsi l’achèvement du cratère.

À l’approche du puy de Pourcharet, un skieur solitaire passe comme une ombre chinoise dans un film muet tandis que je bifurque vers le puy de Mercœur, gagné par la forêt. La luminosité décline alors que je rejoins une petite clairière au pied du puy Pelat. Une haute rangée de troncs coupés sera le rempart idéal pour placer la tente à l’abri des courants d’air. Un quart d’heure plus tard, le bivouac est monté et le réchaud allumé. Je glisse dans le duvet les chaussons de mes chaussures de ski. Ils seront secs et chauds pour le réveil.

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Rendez-vous au sommet

Rodéo entre dômes et cônes

Le camp une fois levé, la pulka glisse en silence en direction du col de la Moreno. Un groupe de skieurs me rattrape. Après quelques mots, je les laisse prendre de l’avance puis m’engage dans leur sillage. L’effort est moindre sur la neige tassée. Je leur suggérerais bien de poursuivre encore un peu pour faire la trace !

 

Sur le versant ouest du puy de Monchier, je renoue avec la poudreuse vierge. Le boisement clairsemé sous cette hêtraie sapinière favorise la richesse du sous-bois. Ronciers, framboisiers et myrtilliers donnent des envies de douceur. La glisse est parfaite et le relief facile permet d’apprécier pleinement le décor enchanteur. 

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Bain de poudreuse

entre les monts

Passé le col de Ceyssat, le chemin suit une courbe de niveau au pied du puy de Dôme. Le sommet du géant apparaît par intermittence entre les voiles de brume. Sous le charme de Vulcain, je file tel un farfadet entre les puys de Côme et du Grand Suchet, qui me toisent à plus de 1 200 m d’altitude. Le double cratère emboîté du premier en fait toute son originalité. Le Pariou au cône parfait demeure bouche bée face à l’infinité céleste. Le retour au col de Ceyssat en descente et dos-d’âne se déroule dans une ambiance foraine. Les luges dévalent et les bambins se grisent de vitesse sidérale. Évitant de croiser les regards que j’imagine intrigués, je traverse la route en mimant le héron. Surtout, poser les skis bien à plat afin d’éviter les rayures de la pouzzolane. Le curieux échassier disparaît en sous-bois pour descendre vers Laschamps. La pente s’infléchit dans le bon sens et la pulka joue au propulseur, m’obligeant à m’offrir régulièrement un bain de poudreuse.

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Rencontre avec la nature

Panorama sur la chaîne

À deux pas de la capitale auvergnate, le plateau de la chapelle Saint-Aubin est une terre d’estive pour les troupeaux de moutons. Le panorama sur la Chaîne des Puys est l’un des plus beaux que je connaisse. À la lueur de la frontale, j’installe le campement en rêvant aux photos du lendemain. Une timide percée à l’aurore me permet de figer les pentes du puy de Dôme teintées de rose. À proximité des habitations, les mangeoires garnies de tournesol attirent chardonnerets et verdiers dont les querelles incessantes assurent l’animation. Au fil des rencontres, mon convoi ne laisse pas indifférent. Un promeneur me demande même si je prépare une expédition. L’envie est forte de lui répondre que je suis justement en pleine expédition, mais je m’en défends. Pourquoi l’aventure ne pourrait donc pas se dérouler à deux pas de chez soi, aux pieds des volcans endormis ?

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