Des caractéristiques uniques
Ce qui intrigue tout d’abord, ce sont ses caractéristiques biologiques. En effet, le lac Pavin est un lac volcanique, d’origine explosive, comme en témoigne son pourtour en cercle quasi-parfait. C’est le plus jeune lac de cratère de France métropolitaine. D’une profondeur de 92 mètres, avec 750 mètres de diamètre et 44 ha de surface, c’est surtout un lac méromictique, c’est-à-dire composé de 2 couches d’eaux différentes superposées qui ne se mélangent pas. La première couche d’eau va jusqu’à 60 mètres de profondeur, zone mixée, brassée et oxygénée. La seconde couche comprise entre 60 et 92 mètres n’est jamais oxygénée. C’est à peu près la même couche d’eau depuis que le lac a été créé il y a un peu plus de 6 000 ans ! Sans lumière, ni oxygène, et avec une température stable, le milieu de cette zone est tout à fait original avec des conditions extrêmes de vie. Et pourtant, la vie microbienne y est extrêmement riche et abondante. Ce sont ces caractéristiques si originales qui fascinent les chercheurs.
C’est également un lac alimenté par des sources souterraines profondes et non pas des rivières, donc sans poisson. Le poisson que l’on peut pêcher au Pavin comme l’omble chevalier (qui vient des Pyrénées), y est introduit artificiellement depuis les années 1960.
Un lac entouré de nombreuses légendes
De nombreuses légendes entretiennent également la fascination ancienne exercée par ce lac. Il a nourri l’imagination des habitants des communes environnantes depuis le Moyen-Âge, et demeure associé à des histoires inquiétantes. Pour beaucoup, la crainte qu’il inspire remonte à l’Antiquité. Son nom viendrait ainsi du latin « Pavens » signifiant « épouvantable ». Pendant très longtemps, on l’a cru sans fond. « C’est l’endroit où les démons viennent, par la cheminée de l’enfer, se baigner en escapade; leurs âmes noires en troublent les ondes« . Il constituerait une porte d’entrée aux enfers ou encore un tourbillon central engloutissant tout homme se trouvant sur ses eaux.
On raconte aussi qu’il serait né de la colère divine face aux mœurs légères des femmes de l’ancienne ville de Besse : Dieu aurait noyé la cité sous des eaux diluviennes afin de punir ses habitantes. Le clocher de l’ancien village englouti serait même visible par temps ensoleillé, créant ainsi l’Atlandide du Massif central.
Du fait de son aspect et de la couleur sombre de ses eaux, on raconte également qu’il serait formé par les larmes du Diable, qui se disputait avec Dieu les faveurs d’une jeune fille de Besse. Celle-ci préféra Dieu au Diable. De dépit, le diable s’assit sur une chaise formée par des pierres et pleura jusqu’à remplir le cratère.
Enfin, si on jette une pierre en plein milieu du lac, il pourrait se réveiller et un jet de pierres le 31 décembre à minuit permettrait d’entendre sonner les cloches de l’ancienne église de Besse, engloutie sous les eaux.
D’autres voix affirment que le vrai danger du lac, ce sont ses habitants, deux dragons. Des monstres du Loch Ness à la sauce auvergnate. Le premier cracherait une fumée qui rend aveugle, le second pétrifierait les humains d’un simple éternuement.
Bref, écoutez les conseils d’ Alexandre Vialatte, écrivain Auvergnat d’adoption, dans L’Auvergne absolue, « Prenez le bâton du pèlerin et laissez-vous torturer par le mystère que le Pavin a su inscrire dans sa circonférence banale, graphisme simple d’une magie raffinée. » Tout paraît dit.