Pour rejoindre Riom-ès-Montagne, nous traversons le village de Besse, contournons le massif du Sancy avant de redescendre dans le “Pays Gentiane” via Égliseneuve-d’Entraigues et Condat. Autour de nous, aux confins du Puy-de-Dôme et du Cantal, les volcans d’Auvergne dans toute leur splendeur, indifférents à la météo incertaine de ce matin d’hiver. Jean-Louis Albessard, 72 ans, nous attend chez lui. Il vit à Ensalers, un lieu-dit à deux pas du petit village de Menet. Nous rencontrerons plus tard sa petite-fille Laetitia.
Dociles et affectueux
Cet amoureux des grands espaces élève depuis une vingtaine d’années des chevaux de race Auvergne. Au-dessus de la porte d’entrée, des plaques de prix de concours agricoles témoignent de cette vie passée au service des animaux. “Viens mon bébé, viens…” À quelques pas de la maison, ce retraité encore très actif nous présente quelques-un de ses équidés. Ils se caractérisent par leur petite taille, leur robe de couleur bai, leur double crinière et leur fanon abondant. La présence d’un visiteur extérieur ne semble pas les perturber. Et pour cause : les “Auvergne” sont connus pour être calmes, dociles et affectueux.
Rustiques
“Ce sont des chevaux rustiques. Ils passent toute l’année dehors. Ils sont comme chez eux dans les montagnes auvergnates !” ajoute leur propriétaire.
En plus de la randonnée ou de l’attelage, ce cheval 100 % local possède des aptitudes pour les petits travaux agricoles, comme le maraîchage ou l’entretien des vignes. D’ailleurs, Mousqueton n’a pas trouvé meilleur allié. Mousqueton ? C’est le fidèle compagnon de Porthos dans “Les Trois Mousquetaires” d’Alexandre Dumas…
Une association pour sa sauvegarde
Comme d’autres races locales, ce cheval polyvalent a failli disparaître à cause de la mécanisation. Mais depuis 1994, des éleveurs attachés à cet animal patrimonial se mobilisent pour sa sauvegarde. Ils sont regroupés au sein de l’association nationale du cheval de race Auvergne (www.chevalauvergne.fr), qui a obtenu la reconnaissance officielle du ministère de l’Agriculture en décembre 2012. Désormais, le cheptel compte près de 700 animaux. L’association compte bien le développer davantage…
“Un vrai plaisir de les élever”
Nous rejoignons Laetitia, la petite-fille de Jean-Louis Albessard, dans un pâturage
au-dessus de la cité riomoise. A 25 ans, elle a repris le flambeau de son grand-père, avec lequel elle partage cette passion équine.
“J’ai attrapé le virus. Aujourd’hui, c’est mon passe-temps favori. C’est un vrai plaisir de les élever” sourit-elle, un seau d’aliment à la main.
Au-dessus du Cantal, le soleil perce à travers les nuages. Les larmes aux yeux, Jean-Louis évoque Tulipe, Tina ou Oriane, ces juments qu’il a vu grandir et dont il ne veut pas se séparer.
“Leur valeur est d’abord sentimentale. Ce que vous lui donnez, ce cheval vous le rend mille fois.”