Si les châtaigniers de Saint-Santin-Cantalès étaient doués de pensée, peut-être regretteraient-ils que, décidément, nul n'est prophète en son pays... Car dans ce village de la Châtaigneraie, la vedette, c'est le tilleul !
Il faut dire, on ne peut pas le rater, l'imposant végétal qui recouvre de toute sa majesté la place du village. Il fut un temps où telle vision d'un tilleul ou d'un orme trônant au cœur des paroisses françaises se faisait chose courante. L'initiative, nous apprennent les livres d'histoire, en revenait au fameux duc de Sully, que le roi Henri IV avait nommé Grand voyer de France et, à cet égard, chargé de veiller au bon état et à l'embellissement des routes et des places du royaume. Vaste entreprise ! Au-delà des simples considérations esthétiques, l'idée sous-jacente était la constitution de lieux de rassemblement communautaire propices à l’annonce des édits royaux, au rendu des décisions de justice et plus généralement aux échanges au sujet des affaires locales.
Notre rayonnant tilleul saint-santinois, tout comme ses congénères survivants enracinés aux quatre coins du pays, est donc quatre fois centenaire... D'ailleurs, ne trouvez-vous pas qu'il fait de l'ombre, au moins au sens figuré, à l'église voisine ? Pourtant, que les visiteurs ne s'y trompent pas : aussi discrète soit-elle, l'église Saint-Santin recèle en son chœur un retable baroque de la fin du XVIIIe siècle de toute beauté. L'œuvre est classée au titre des monuments historiques, tout comme la Vierge à l'Enfant en bois peint du XVIe siècle que l'on rencontre dans la nef.
Cette proximité entre l'arbre et l'église n'est pas fortuite. C'est en effet à la sortie de la messe que les villageois se réunissaient jadis. Aujourd'hui encore, vous risquez fort d'y rencontrer quelque Saint-Santinois en train de profiter de la fraîcheur de l'exubérant tilleul.
Ne serait-ce que parce qu'il n'est pas aisé de le repérer, vous serez plus chanceux si vous croisez quelqu'un aux abords du tombeau d'Eugène Malvezin. Par passion pour le monde végétal, ce cheminot de profession s'était fait un nom dans le milieu de la botanique, et c'est au milieu de la nature qu'il avait choisi de creuser lui-même sa dernière demeure, sur sa propriété de Mansergues. Quelque peu original, l'homme avait même conçu le char à bœufs qui devait le conduire incognito de son domicile dans le centre du village jusqu'à sa sépulture, en prenant soin de le badigeonner de goudron afin de le rendre lugubre à souhait. Ses obsèques se déroulèrent selon sa volonté, à la fin de l'année 1900. Plus d'un siècle plus tard, les Saint-Santinois se souviennent encore de celui des leurs qui s'était fait un nom mais qui avait préféré reposer à l'écart...
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