4 raisons de choisir l’Auvergne cet hiver
Vous hésitez encore ? Nous vous proposons de choisir l'Auvergne cet hiver pour des raisons objective ...
Photographe et rédacteur, je réalise des reportages très variés, qui vont de l'art de vivre à l'environnement en passant par le patrimoine et le portrait.
Entre Pessade et le plateau de Guéry, les nombreux reliefs qui jalonnent la boucle sont autant de balcons avec vues sur les vallées, lacs et sommets qui constellent un paysage somptueux.
Comparé aux skieurs de fond que je croise, je me sens comme un guerrier en armure au départ d'un 100 mètres. Leurs skis étroits et leurs chaussures légères sont taillés pour la vitesse contrairement à mes godillots rigides et mes skis aux cotes joufflues. Une fois hors piste, l'avantage change de camp ! Du puy de la Védrine, la vue se dégage et la Chaîne des Puys apparaît, voilée par l'atmosphère laiteuse. Côté sud, les sommets arrondis du puys de la Tache et de la Croix Morand encadrent la silhouette pyramidale du puy de Monne. Des traces de raquettes bifurquent à droite avec la Banne d'Ordanche pour horizon. Je les suis en croisant le neck basaltique du Trioulérou. Voici deux millions d'années cette coulée de lave s’est figée, au contact de l'air froid. Aujourd'hui aussi, c'est le givre qui se charge de tout figer.
Descente tranquille jusqu'au lac de Guéry. Quand la couche de glace est suffisamment épaisse, on y pratique la pêche au trou, comme chez les inuits. En ce jour venteux, trois irréductibles tentent leur chance à l'abri de murets de neige. En longeant l'auberge, la tentation d'un vin chaud me vient à l'esprit mais la raison l'emporte. Par solidarité avec les pêcheurs, le skieur trace stoïquement sa voie sous la hêtraie-sapinière. Changement de rythme sur les montagnes russes du Chantauzet, Puy Gros et Tenon. Les fondeurs se poursuivent innocemment sur le domaine nordique du Guéry sans se douter que la tourbe cachée sous l’épaisseur de neige contient toute l'histoire des lieux. Sa composition acide, tel un conservateur, permet aux scientifiques de retracer l'évolution des paysages grâce à l’étude des pollens empilés par strates successives en son coeur.
La saveur du chocolat m'accompagne jusqu’à la Banne d'Ordanche. C'est sa ressemblance à une corne qui aurait soufflé aux auvergnats sa toponymie occitane. Son versant sud plonge en à-pic vers la vallée de la Dordogne tout juste née. Le panorama, circulaire, embrasse les monts Dore et le massif cantalien qui pointe au loin vers le sud-ouest. A l’opposé, on égrène les sommets de la Chaîne des Puys comme les enfants comptent les mois de l'année sur leur poing fermé. Tout est enneigé, y compris les plateaux de l'Artense et des Combrailles. Le pays est bleu blanc, tout simplement.
Passé le col de Guéry, un petit crochet me gratifie d'un panorama insolite sur la vallée de la Fontsalade encadrée par les roches Tuilière et Sanadoire. La première, a servi de carrière d'extraction de ces lauzes qui couvrent encore les toits des vieilles fermes. La seconde, à droite, doit son nom aux propriétés sonores de la phonolyte. Cette roche volcanique tinte sous les sabots des chamois qui fréquentent ce donjon. Si ce n'est pour la musique, on peut au moins avancer que c'est pour la tranquillité. L'accès à cette cheminée volcanique, périlleux par temps de neige, en fait un refuge inaccessible aux bipèdes. Quelques courbes plus tard, je rejoins le lac de Servières, parfaitement circulaire. Par cet hiver copieusement enneigé, il semble effacé d’un coup de blanc correcteur. Un visiteur venu sans carte pourrait le traverser sans avoir conscience d’évoluer sur une étendue d'eau profonde de 26 mètres. Connaissant la faible profondeur des bords, je m'offre quelques prudentes déambulations. Si les glaces du lac de Guéry, perché à la même altitude, soutiennent les pêcheurs, celles du Servières le feront sans broncher pour un skieur poids plume !
Votre panier est vide.